Dans un précédent billet, j’avais promis de revenir avec plus de détails sur le service de musique en ligne eMusic. Je tiens ma promesse.
Ceux qui me connaissent savent que je suis un défenseur du respect du droit d’auteur même si je peste souvent contre les abus de certains articles de ces lois. Je suis également adepte des thèses de Laurence Lessig sur la culture libre. Florant Latrive dans son ouvrage (libre, en passant) Du bon usage de la piraterie explique comment on peut « pirater » légalement en utilisant du libre.
Avec cet arrière-plan, vous devinez bien que je ne pirate pas la musique que j’écoute. J’aurais dû être un des premiers clients d’iTunes et d’ArchambaultZik. Et bien non! Je refuse toutes ces restrictions de la gestion des droits numériques (GDN ou DRM en anglais). Quand j’achète, je paye et je tiens à décider moi-même de ce que je ferai avec ce que j’ai acheté, dans lle respect des lois, bien évidemment. Me faire dire sur quel ordi je pourrai stocker mes chansons, combien de fois, et surtout avec quel lecteur de musique numérique je pourrai les écouter m’est intolérable.
De plus, un dollar la pièce, me semble du vol pur et simple. L’auteur, le chanteur, le compositeur me rétorquera-t-on. Un interview récent précisait que les auteurs et chanteurs qui endisquent ne reçoivent qu’entre 8 et 12 % du prix de vente. Où vont les 90 cents restant pour la musique en ligne? Un CD, ajujourd’hui, compte entre 10 et 15 pièces musicales. Le CD en ligne revient donc à 10 ou 15 $. Avez-vous regardé les prix récemment dans un magasin de disque? On s’approche de ce prix. Avez-vous essayé de vous faire un beau CD pour écouter dans votre auto ou votre salon à partir de fichiers numériques? Moi, oui. Et je trouve que c’est long et que ça utilise du matériel (cd vierge, étiquettes, encre de l’imprimante). Conclusion, 1 $ c’est abusif à mes yeux et cela explique que la piraterie ne diminue pas beaucoup depuis l’avènement des magasins en ligne de musique.
Que vient faire eMusic dans tout cela ? Il répond à la plupart de mes critères. Pour commencer, c’est sérieux, Protégez-vous qui me l’a fait connaître n’a pas l’habitude de ne pas vérifier ce dont elle parle. Puis les fichiers sont en MP3 SANS GDN.. J’aurais préféré le format libre Ogg Vorbis mais on ne peut gagner sur tous les tableaux. Sans GDN, cela veut dire que vous pouvez les transférer sur l’ordi de votre choix, le nombre de fois que cela vous chante, vous pouvez les écouter sur le lecteur qui vous plaît (il y en a des libres!), etc.
eMusic répond aussi à mes critèrs de prix. Pour un abonnement mensuel de 9,99 $ américains (11,62 $ Can au taux d’aujourd’hui) vous pouvez télécharger 40 pièces musicales, votre calculatrice vous dira que cela revient à moins de 30 cents le morceau. Un CD de 15 chansons coûte donc 4,50 $ À ce prix vous pouvez investir de votre temps à brûler un CD et à faire une étiquette.
Le choix est vaste, plus de 700 000 pièces musicales. Pour un québécois ou un fan de musique des Top 100, ce choix n’est pas toujours adéquat. En effet, eMusic avec les conditions que je viens de décrire n’a pu signer aucun des « Major » de l’industrie. Inutile donc d’y chercher Céline Dion! Les 700 000 pièces proviennent ce ce qu’on surnomme les Indies (pour Independent record label), en français, nous dirions les étiquettes indépendantes. Si vous aimez vraiment la musique, ce n’est pas très gênant car les Majors signent de moins en moins d’artistes (profits records obligent) pour se concentrer sur quelques centaines de noms. Tous les autres artistes n’ont donc comme seule alternative les Indies. Le choix est donc vaste. eMusic n’ayant pas fait d’efforts pour recruter des étiquettes indépendantes en France ou au Québec, le choix est donc presque nul de ce côté. Par contre, le classique, le jazz, le rock alternatif, le blues, le country, la musique du monde, etc. sont très bien représentés et souvent par de grands noms. En jazz, vous trouverez des albums de grands noms comme Thelonious Monk, John Coltrane, Miles Davis, Dave Brubeck, Louis Armstrong, Ella Fitzgerald, Sony Rollins, etc. Enfin si vous aimez l’histoire de la musique américaine, sachez qu’eMusic offre 70 000 pièces provenant du Smithsonian Institution.
Vous devinez que je suis abonné au service 😉 On vous offre un essai de 15 jours gratuitement pendant lequel vous pouvez télécharger gratuitement 50 pièces musicales. Si vous annulez votre abonnement avant la fin de vos quinze jours, vous gardez les tounes mais vous ne payez rien. Je viens de commencer mon premier mois payant et déjà, je dois me restreindre pour rester dans la limite des 40 morceaux par mois.
«De plus, un dollar la pièce, me semble du vol pur et simple. L’auteur, le chanteur, le compositeur me rétorquera-t-on. Un interview récent précisait que les auteurs et chanteurs qui endisquent ne reçoivent qu’entre 8 et 12 % du prix de vente. Où vont les 90 cents restant pour la musique en ligne?»
L’argent va aux maisons de disques puisque c’est avec elles que les magasins de musique en ligne transigent. On n’est pas encore rendu au stade de changer le modèle économique. Ce qu’on a changé, ou plutot ajouté, c’est un canal d’achat supplémentaire.
Comme je l’écrivais l’an dernier, les maisons de disques deviennent de plus en plus un intermédiaire artificiel et superflu dans le processus de production et de distribution de la musique. Un groupe pourrait très bien sortir d’un studio et s’occuper lui-meme de la diffusion par le biais d’Internet. Il retirerait ainsi une part beaucoup plus large des profits et le consommateur paierait aussi moins cher.
Ça va venir…