Oncle Louis nous a quitté

Oncle Louis dans un cockpit d'avion
La passion d’oncle Louis, l’aviation

Après 95 ans de loyaux services, oncle Louis, le jeune frère de papa, nous a quittés pour un monde meilleur, dit-on. C’était pour nous, mon frère et moi, un « mon oncle » dans tous les sens du mot. Avant qu’oncle Louis ne soit lui-même un papa, il aimait se « pratiquer » avec ses neveux. Papa lui-même concourait à donner une stature spéciale à Louis. Il aimait nous raconter les « frasques de jeunesse » de son frère. On préférait souvent les histoires sur Louis aux contes de grand-maman.

Il serait trop long de se remémorer dans le détail les « Histoire de papa sur Louis ». Quelques titres : l’appropriation des belles planches de grand-papa, la nuit sous la tente dans la cour, le traîneau perdu attaché à une auto, et bien d’autres.

Je n’ai pas de souvenirs visuels du fameux cheval de Louis sur lequel, il me semble, il livrait le courrier. Je me souviens qu’il en parlait souvent et que des adultes y faisaient aussi allusion. Le connaissant, il devait se croire un cowboy sur son cheval. Il avait l’imagination fertile notre oncle Louis.

Quelques semaines avant Noël, nos pièces de Meccano disparaissaient mystérieusement. Avec la complicité de papa, Louis les empruntait. Il s’amusait à construire des machines dans lesquelles il incorporait un moteur ou un autre gadget qui devenaient nos cadeaux de Noël.

Notre première expérience de camping et notre premier exercice de tir à la carabine sur des billots flottants sur la rivière Rouge furent aussi faits avec oncle Louis.


Que dire aussi des après-midis à transplanter des pins sur la terre de Louis (achetée de Mémère Jérôme). Ces arbres, plantés près d’un ruisseau avaient pour but de freiner l’érosion de la berge un peu abrupte. Des dizaines d’années plus tard, Louis nous a montré ces beaux arbres, fruits de notre labeur.

Ces séances de foresterie étaient l’occasion pour Louis de nous faire rêver avec lui de tout ce qu’il comptait faire sur cette terre. Terrain d’aviation, grange et pacages pour les chevaux et bien d’autres aménagements.
Nous avons aussi participé à la construction du fameux voilier de Louis. Voilier dont la carrière fut très brève avant de couler au lac Nominingue. Notre dur labeur consistait à ramasser les copeaux par terre et surtout à écouter religieusement le récit de tout ce qu’oncle Louis allait faire avec ce voilier.

Foresterie et ébénisterie était toujours suivi d’un repos bien mérité au Restaurant Forget ou au Restaurant Racicot. Au menu, une Grapette bien fraîche, le travail ça donne soif.
Finalement, oncle Louis s’est installé à Montréal. Nos contacts furent plus rares. Il est devenu papa à son tour et je présume que ses deux enfants auraient bien des histoires à raconter eux aussi.

Malgré tout, il a réussi à m’inculquer des leçons sur la vie en métropole. C’est grâce à lui que j’ai compris pourquoi on ajoutait est ou ouest après le nom de certaines rues. J’ai aussi appris à regarder les numéros de porte pour savoir si j’étais loin du fleuve ou de la rue Saint-Laurent.

Il me servait aussi de havre certaines fins de semaines où je me sentais un peu seul dans le grand Montréal. Tante Madeleine avec ses sourires en coin m’aidait à deviner si oncle Louis exagérait beaucoup ou un peu. Elle devint un peu la complice de nos conversations.

Enfin, un séjour à l’Annonciation l’été contenait presque toujours une conversation avec oncle Louis sur la galerie et une baignade dans le lac Nominingue tout près.


C’est dire la grande place que « mon oncle Louis » avait dans nos vies.

NOTE : Les cousines et les cousins sont invités à y ajouter des événements sous forme de commentaires. Qui sait si on ne pourra pas ensuite en faire un texte consolidé.

Aller lire le témoignage de son beau-frère, Guy Lalande

André

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14 réponses à Oncle Louis nous a quitté

  1. Marcel dit :

    Bel hommage mon frère à notre oncle Louis. J’en garde aussi des souvenirs lumineux… il était un conteur hors du commun… semant le rêve autour de lui.
    Toute mon affection à Céline, Louis et leurs enfants.

  2. Denise Cotte dit :

    WOW ! André tu racontes des choses que je ne savais pas. Entre autre cette complicité que vous avez eu avec lui quand vous étiez petits. Et quand il n’avait pas encore d’enfants. C’est très imagé et je vous trouve chanceux d’avoir pu vivre ça…peut-être. J’aimerais bien que papa soit encore là pour ajouter moultes détails ou pour corriger votre mémoire.

    Tu te souviens que j’avais souhaité il y a quelques années déjà que quelqu’un de la grande famille Cotte soit attiré par le projet d’interviewer Louis de longues heures afin de capturer cette multitude d’informations et d’anecdotes sur la vie au village de sa jeunesse mais aussi d’anecdotes sur papa que nous avions encore à mieux connaître. Il aurait pu aussi nous parler abondamment de Jean son cadet, de Thérèse la sensible seule fille de la famille, de Pierre l’aîné qui a ouvert les premières portes. Malheureusement la vie étant ce qu’elle est aucun d’entre nous n’a pu planché sur le projet.

    Il y a tout juste quelques années, alors qu’il vivait désormais dans notre maison familiale devenue la sienne, alors que je lui faisait ma visite estivale, il m’a parlé longuement de papa. De son esprit de justice, de son grand sens des responsabilités, de sa sensibilité aussi. J’y ai pris quelques chose que je n’oublierai pas.

    Oui la suggestion que les cousins, cousines déposent ici leurs souvenirs de Louis ou de la Famille pourrait permettre de faire un texte consolidé , comme tu dis.

    La famille Bastien a beaucoup de souvenirs à partager. Grand-maman a été très proche d’eux et au fil des jases leur a confié beaucoup de détails sur sa vie avec grand papapLouis et sur ses enfants. Sur leur vie de famille.

    Il serait bien que les quatre petits-enfants de Louis soient au courant de l’aventure pour pouvoir puiser ici des anecdotes sur leur grand-père, qui les suivront et qu’ils transmettront à leur tour à leurs enfants

  3. Suzanne Duchesneau dit :

    J’ose m’immiscer dans ce récit des plus intéressant en tant que compagne de vie de Louis, des deux dernières années et demie. J’ai connu un homme de coeur des plus merveilleux et il m’a beaucoup parlé de vous, de ses expériences de  »très tanant », jeune, et de ce fait de ses 6 ans pensionnaire à Longueil.

    Dès son entrée au collège il a décidé qu’il deviendrait un homme selon ce que son père désirait qu’il devienne …. d’un sérieux incroyable, premier de classe compétionnant toujours avec le même M. Bellemare, si je me souviens bien. Il a reçu TOUS les prix à la fin de sa dernière année. Pas surprenant ! Tellement intelligent, brillant et toujours d’un esprit vif avec de ces répliques si incroyables pour son âge. Il avait une grande affection pour vous tous, m’a beaucoup parlé de son enfance, de ses parents (je regrettais de n’avoir pu les connaître), de sa belle Madeleine, comme il l’appelait si bellement, un homme d’une honnêteté, d’une humilité remarquables. Je ne saurais ne pas souligner sa qualité de présence, son écoute et sa grande bonté.
    J’ai réalisé la proximité qu’il avait avec ses neveux, nièces à quelques reprises (lors de funérailles …. les mariages se font rares, tout de même!) Ça lui ressemblait.
    J’ai un bon bout de l’histoire de sa vie que je serai heureuse de vous remettre …. nous en étions rendu, si je ne me trompe, à la période avec sa Lady, son cheval.

    Chose certaine, les Cotte ont eu le privilège de cotoyer de cet amour profond dans leur vie qui n’est pas l’adage de toutes les familles et ça paraît tellement dans la douceur remarquable que j’ai perçue chez plusieurs d’entre vous.
    Mes trois fils ont des plus apprécié Louis, cet homme d’exception, et en gardent un précieux souvenir comme moi. « Aimé, jamais oublié …. « 

  4. André Cotte dit :

    Merci Suzanne de ce beau commentaire. Si tu le désires, je peux t’ ouvrir un espace sur ce blogue pour le texte que vous avez rédigé nLouis et toi.

    André

  5. Suzanne dit :

    D’accord, André

  6. Son neveu Marcel Cotte dit :

    Au début des années 1960, j’ai environ 12 ans, et oncle Louis et moi sommes allés à l’aéroport de Dorval, aujourd’hui Pierre-Elliot Trudeau et, en sortant du stationnement, l’employé à la guérite s’adresse à oncle Louis en anglais, mon oncle lui répond d’abord en français en lui demandant de nous parler en français, ce qu’il ne peut faire étant unilingue anglophone. Oncle Louis lui dit alors, en anglais, qu’il n’accepte pas cela et qu’il portera plainte séance tenante. Nous sommes retournés dans les locaux de l’aérogare, au bureau de la gendarmerie royale où oncle Louis, après avoir dit fermement son désaccord, a déposé une plainte écrite. Ce fut pour moi une grande leçon de fierté dans l’expression de nos droits et du respect de nos origines.

  7. Marcel Cotte dit :

    Merci Suzanne de ton touchant et affectueux témoignage de dernière compagne d’oncle Louis. Puisses-tu en garder un doux et soignant souvenir, toi qui en a pris grand soin. Je suis de ceux qui aime à penser qu’il demeure avec toi et tous les siens.

  8. Denise Votte dit :

    Un autre moment privilégié : l’exemple.

  9. Jo-Anne Cotte dit :

    Oncle Louis j’aurai aimer avoir un grand frère comme tu l’étais pour mon père. Les souvenirs que je vais conserver sont des nombreux moments de bonheur, tel que passions pour l’aviation les voyages et la bonne bouffe.
    Merci d’avoir fait partie de nos vies.
    Ta nièce Jo~Anne. Xxx

  10. Sa nièce Suzanne Cotte dit :

    Voici le texte que j’ai laissé sur le site du salon funéraire en hommage à oncle Louis :
    Mon oncle Louis, c’était des discussions politiques enflammées autour de la table de Noël dans le bon vieux temps de René Lévesque (fin des années 1960 et décennie 1970), de la lutte pour la langue française, etc.
    Mon oncle Louis, c’était une invitation à mon baptême de l’air dans son petit avion en compagnie de cousin Louis Jr. assis près de moi, enfant qui connaissait la manette qu’on avait le droit de bouger au signal du pilote. L’atterrissage dans un bruit de moteur et de tôle branlante sur la piste à Saint-Jérôme. Toute une initiation pour moi !
    Mon oncle Louis, c’était un sourire espiègle. Une soif de vivre, des rêves imaginés et réalisés.
    Bref, mon oncle Louis, c’était tout un homme. Bon voyage ! Là où tu es, tu pourras voler à ton aise…

  11. Suzanne Cotte dit :

    J’ai oublié de te dire, André, que j’ai beaucoup appris sur oncle Louis et ses relations avec toi et Marcel grâce au texte magnifique que tu as publié sur ton blogue. Merci!
    Merci aussi à cousine Jo-Anne, Marcel, Denise et à Suzanne (c0mpagne d’oncle Louis).

  12. André Cotte dit :

    Beau témoignage Suzanne. On tous eu, je crois, un baptême de l’air avec Oncle Louis.

  13. Louis Cotte dit :

    Un mot de notre cousine Louise-Andrée

    Même si j’ai mis du temps à réagir au départ de notre oncle Louis, la peine n’en est pas moindrement ressentie.
    D’aussi loin que je me souvienne, notre oncle se démarquait par son attachement à sa famille immédiate et à sa famille élargie de même que par sa disponibilité envers nous tous.
    Il a d’ailleurs laissé une empreinte dans ma vie dès ma petite enfance:
    – comme gardien alors que nous résidions à Rimouski et qu’il nous rendait visite;
    – comme oncle aventurier qui partageait sa passion pour l’équitation et l’aviation;
    – comme oncle créatif et habile lorsqu’il fabriquait les meubles de rangement en pin intégrés aux combles de la maison de la rue Boileau…notre première maison;
    – comme soutien venant avec papa nous chercher ma sœur Francine et moi, en pleine nuit, au couvent, lors du glissement de terrain de Nicolet en 1953.

    En vieillissant, je découvrais peu à peu la personnalité unique de notre oncle Louis qui savait capter et retenir notre intérêt par ces récits et tester notre degré de crédulité… il était taquin.

    Il avait, néanmoins, une connaissance encyclopédique sur plus d’un sujet de même qu’une connaissance fine de l’histoire et de « la petite histoire » de notre coin de pays, le canton Marchand. Il était également une référence où puiser tous renseignements relatifs à nos origines tant anglaise que française.

    Je serais tenté de dire qu’il a en quelque sorte contribué à la formation de notre mémoire collective.

    Il aura été un oncle et un grand oncle des plus attachant.

    Mes filles Marie-France et Christine qu’il surnommait Lady Godiva ..(elle aimait se vêtir que de ses bottes à jambes…) se souviennent des tours de poney organisés par oncle Louis, au Lac Nominingue, lorsqu’elles étaient toutes petites.

    Et quant à nous, Laurentino et moi avons toujours eu un grand plaisir à partager des repas en sa compagnie, au cours des années.

    Il demeure et demeurera une personne significative dans nos vies.

    Son départ marque la fin d’une époque…nous devenons progressivement la génération des nouveaux sages…aussi héritiers de ce qu’il nous a légué.

  14. Marie-Agnès et Gérard dit :

    J’ai laissé un message à son fils Louis en
    confirmant les excellents souvenirs de moments passés en sa compagnie et celle de Madeleine qui nous avaient reçu lors d’un Congrès de Cardiologue auquel assistait Gérard .
    Il aimait beaucoup plaisanter et les discussions animées sur différents sujets nous permettaient de considérer nos ancêtres communs comme un lien très fort.
    La dernière fois lors d’une maïs partie chez Louise-Andrée et Laurentino il nouus avait fait rire ….car il cherchait une compagne et ses commentaires nous laissaient pantois vu son âge .
    Nous connaissions toute notre famille canadienne : Pierre venu plusieurs fois à Paris chez Maman , Frédéric à qui je demandais toujours d’articuler et de parler moins vite …Jean qui nous avaient invité à dîner dans un restaurant très classe et Thérèse que nous avions visité ensemble .
    Louis avait une  » aura  » particulière et s’entendait parfaitement avec mon père Jean-Noël : après dîner dégustant un cognac , ces 2 hommes intelligents étaient vraiment complices .
    Nous avons perdu aussi notre mère Annie , ses soeurs et Paul son frère , au fil des ans mais nous avons tellement de souvenirs agréables que c’est avec beaucoup de sérénité que nous y pensons .
    J’ajoute que notre famille canadienne, nos cousins comme disent nos enfants a aussi une grande place dans nos cœurs surtout dans ces moments douloureux .
    Nous vous embrassons tous très affectueusement .
    Prenez soin de vous .
    Marie-Agnès et Gérard

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