Je viens de lire le Manifeste pour un Québec lucide, signé par les 12 apôtres du bien-être des Québécois.
Je n’en reviens tout simplement pas… On dirait que les 12 ne vivent pas sur la même planète que nous. Pas une allusion à l’écart croissant entre riches et pauvres, au Québec, et ailleurs dans le monde. Kyoto, le réchauffement climatique, connais pas! La mondialisation néo-libérale et son cortège de misères pour les peuples, ce doit être sur la planète Mars car on n’en souffle mot. Le syndicalisme se résume à protéger les intérêts de ses membres à courte vue. Rien sur les PDG qui reçoivent des bonis après avoir mis leur compagnie en quasi-faillite et mis à la rue des milliers de travailleurs. Ce n’est pas de la courte vue de leur part, ils préparent l’avenir, je présume. L’épuisement des ressources non-renouvelables, cela ne semble pas les préoccuper bien fort. On nous parle de protéger notre niveau de vie de Nord-américains, alors que tout observateur lucide de l’état de la planète sait bien qu’il faudra le réduire ou réduire en esclavage tous les pays en développement. Nos douze n’ont vraiment pas l’air de vivre sur la même planète que nous.
« En effet, il ne faudrait pas que le syndicalisme québécois s’éloigne du modèle responsable et coopératif qui l’a caractérisé au cours des deux dernières décennies. » y lit-on. Je présume que les compagnies, leurs dirigeants et leurs actionnaires suivent un modèle responsable et coopératif, eux.
Plus loin on lit «Elle requiert aussi – c’est un corollaire essentiel – le respect de ceux qui réussissent, plutôt que l’envie, les procès d’intention et la suspicion. » On oublie de dire que rares sont les hommes d’affaires qui réussissent au Québec sans un coup de pouce de MES impôts. On oublie vite qui a financé la convergence de Québecor, qui finance nos producteurs d’émissions de télé, qui finance Bombardier, etc. C’est MOI et VOUS. Alors, le respect, on le doit à qui?
Je suis bien d’accord pour alléger le fardeau de la dette… Mais je ne veux pas être le seul à y contribuer. Je veux voir ceux qui réussissent nous aider à le réduire. Pas juste les salariés, pas juste les syndiqués. Les frais de scolarité, ça dépend de comment ce sera fait et surtout à quel rythme. Les mesures d’aide seront-elles au rendez-vous? Une hausse des tarifs d’électricité, j’en suis à la condition que l’ensemble des revenus supplémentaires serve à vraiment à rembourser la dette et ne soit pas détourné vers le paiement de l’épicerie. Et tant qu’à parler d’énergie, les compagnies pétrolières pourraient faire leur part plutôt que de déclarer des profits toujours à la hausse.
Quant à la réforme de la taxation en remplaçant les impôts sur le revenu par des taxes directes… j’ai hâte de voir tous les échappatoires qu’on permettra aux compagnies au nom de la compétitivité mondiale. Vous allez voir, c’est encore les salariés qui vont payer le plus. Si les impôts ne rapportent pas assez, c’est que la loi est pleine de trous pour permettre aux non-salariés d’éviter de payer leur juste part. Voyez à quel rythme les compagnies deviennent des fiducies pur éviter de l’impôt.
Citer la France comme modèle des partenariats public-privés, c’est presqu’indécent. Je présume que les chemins de fer britannique sont un autre succès… Ces partenariats ont presque toujours tourné au cauchemar pour les citoyens ordinaires, hausse de tarifs, manque d’investissements dans les infrastructures… C’est pourtant facile à comprendre… Si le privé investit c’est pour s’enrichir pas pour nous enrichir. Si l’État ne veut pas investir dans la réfection des infrastructures à cause du coût pourquoi une entreprise privée le ferait-elle sinon pour hausser les tarifs pour récupérer sa mise. Me semble qu’il ne faut pas réfléchir longtemps pour comprendre cela.
« Le silence est confortable, mais le péril l’interdit. » nous dit la conclusion du Manifeste. Voilà pourquoi j’ai pris la peine de m’exprimer sur ce sujet.
Ceci dit, je crois, tout comme les auteurs du Manifeste, que l’heure est aux grands changements. C’est juste qu’on ne s’accorde pas sur lesquels.
Simplement… merci. Je suis heureux de constater qu’il existe encore des gens de gauche lucides… Bien que ce concept est galvaudé.
Je crois, Sébastien, que les problèmes qui attendent nos enfants et nos petits-enfants dépassent de beaucoup ce que les 12 « sages » veulent régler.